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27 février 2013 3 27 /02 /février /2013 10:43
Viande. Un éleveur normand accuse un abattoir Leclerc de tromperie

Après le scandale de la viande de cheval, une nouvelle affaire éclate : un éleveur laitier de la Manche a constaté que ses bêtes ont été revendues comme vache à viande. Les abattoirs concernés se défendent de toute tromperie.

 

Yves Sauvaget, éleveur laitier bio basé à Saint-Ovin, dans la Manche, s’est rendu compte que ses bêtes envoyées à l’abattoir ont été revendues comme des vaches à viande.

 

C’est en décidant de retourner voir les carcasses, quelques jours après les avoir données à l’abattoir, qu’il se rend compte que ses bêtes n’ont pas suivi l’itinéraire prévu.

 

Des laitières classées vaches à viandes

 

« Le 26 juillet 2012, j’ai vendu et amené trois vaches de réformes issues du troupeau laitier, par l’intermédiaire d’un négociant en bestiaux, aux abattoirs Kerméné, à Collinée (Côtes d’Armor), à destination de la filière biologique », raconte-t-il. 

 

« Le lendemain, pour avoir quelques éclaircissements sur les poids enregistrés, qui ne posaient pas de problème, j’ai pu examiner les tickets de pesée fiscaux, spécialement édités dans la filière bio. Sur les trois vaches pourtant laitières, deux d’entre elles ont été classées vaches de race viande. Ces vaches croisées Montbéliard et Prim’Holstein, étaient pour la production de lait. Si l’une d’elle a été classée « laitière » parce que sa mère étaient une laitière, les deux autres, croisées, qui produisaient du lait, ont été classées « type viande ». J’ai été payé de ces trois vaches « de type laitier », selon un prix qui a eu mon agrément et que je ne conteste pas », explique Yves Sauvaget.

 

Leclerc se défend

 

Ces étiquettes, l’éleveur les a précieusement conservées. Elles prouvent, selon lui, que les abattoirs ont sciemment trahi les consommateurs.

 

« Des morceaux identiques sont vendus six euros de plus le kilo en changeant uniquement le type racial », déplore-t-il. « La tromperie était facile à réaliser, il n’y a que les éleveurs qui peuvent s’en rendre compte ».

 

Six euros de plus par kilo représentent un bénéfice de 1 500,00 € par bête. Le groupe Leclerc, qui possède les abattoirs de Kermené près de Loudéac en Bretagne, se défend de toute tromperie.

 

« Kermené respecte les règles qui engagent toute la filière bovine française. […] Si une erreur venait cependant à être constatée, malgré l’ensemble des contrôles stricts, nous mettrions tout en œuvre pour remonter la chaîne de traçabilité et identifier la cause de l’anomalie », écrit ainsi le groupe, dans un communiqué.

 

Difficultés de la traçabilité dans la filière bovine

 

De son côté, l’éleveur estime que la confusion était impossible. « La confusion était d’autant moins possible que nous sommes dans la filière biologique. C’est d’ailleurs pour cette raison que, moi, éleveur j’ai pu m’apercevoir de cette erreur. Je ne demande aucune indemnisation supplémentaire sur le paiement de ces vaches, puisque j’étais d’accord sur la transaction initiale. J’attire l’attention des consommateurs sur les difficultés de la traçabilité dans les filières de viande bovine. Les producteurs acceptent tous les inconvénients de la traçabilité. Elle est nécessaire. Si nous faisons des erreurs nous sommes immédiatement sanctionnés. Les entreprises de transformation doivent être également exemplaires, sur l’information due au consommateur : le prix d’une pièce de viande issue d’une vache de réforme n’a rien à voir avec celui d’une vache de race à viande. »

 

« Pas acceptable » selon Le Foll

 

« Ces pratiques ne sont pas acceptables », a réagi mardi Stéphane Le Foll. « C’est la responsabilité du ministre de l’Agriculture de faire en sorte que les petits profits de certains ne se fassent pas au détriment de tous les autres », a-t-il poursuivi, précisant qu’il interviendrait sur le sujet « dès aujourd’hui » pour « faire passer un message à tous ceux qui ont pu être responsables ».

 

Depuis le salon de l’agriculture, Stéphane Le Foll a estimé que « plus on sera clairs sur les origines et sur cette traçabilité, moins on offrira de possibilités de tricher. On peut toujours avoir des gens tentés de tricher, de modifier les règles. Mais il n’y a aucune raison de considérer qu’il s’agit d’un problème généralisé, et en même temps il n’y a pas de raison non plus de minimiser ce problème ».

 

Selon le ministre, « on est sur un débat qui porte à la fois sur la confiance que doit avoir le consommateur dans ce qu’il achète, et sur la confiance dans les relations commerciales qui doivent exister entre la grande distribution, la transformation et les producteurs ».

 

Cette histoire illustre un peu plus la crise de confiance qui touche aujourd’hui l’industrie agroalimentaire, dont les ventes pâtissent déjà fortement du scandale de la viande de cheval.

 

Source: Trad'Consulting via www.ouest-france.fr

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